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Juridique

Les évolutions récentes de la grille des salaires de la convention 66

Professionnel examinant un graphique salarial numérique sur une tablette

4,58 euros : voilà le nouveau chiffre qui redessine, depuis janvier 2024, la carte du secteur social et médico-social. Ce n’est pas une simple virgule déplacée, mais un coup de crayon qui rebat les cartes des rémunérations. Certaines fonctions profitent d’un coup de pouce, d’autres avancent à petits pas, et l’écart se creuse d’un métier à l’autre. Les négociations annuelles ont bouleversé la hiérarchie des coefficients, bousculant la mécanique d’avancement et d’ancienneté pour tous les établissements concernés.

Comprendre la convention 66 : qui est concerné et pourquoi elle évolue

La convention collective nationale 66, que l’on retrouve aussi sous les noms CCN 66 ou IDCC 413, façonne depuis plus de cinquante ans le quotidien de milliers de professionnels du secteur social et médico-social. Ce socle juridique organise les droits et les obligations d’une large palette de salariés : ceux qui accompagnent au quotidien les personnes handicapées, les personnes âgées ou encore les publics en situation de précarité. Les établissements et services pour personnes inadaptées et handicapées, les structures éducatives, ainsi qu’une grande partie des associations du secteur en dépendent directement.

Pour savoir qui entre dans le périmètre de la convention, il suffit de se référer à son champ d’application : il couvre tous les organismes du social, médico-social et éducatif, que l’on soit en métropole ou en outre-mer, dès lors que l’activité principale correspond à la nomenclature APE/NAF. La diversité des métiers concernés est manifeste :

  • agent de bureau
  • moniteur-adjoint d’animation
  • agent de services intérieurs
  • éducateur spécialisé
  • éducateur de jeunes enfants
  • cadre
  • psychologue
  • chef de service

Si la convention nationale n’est jamais figée, ce n’est ni à cause d’un effet de mode ni d’un simple ajustement face à la hausse des prix. Son évolution découle de la volonté d’adapter le cadre à la transformation des métiers, aux nouveaux besoins des usagers, à l’évolution démographique, et aux aspirations des professionnels de terrain. Ce chantier se construit dans un dialogue continu, mené par des acteurs tels que Nexem côté employeurs, et des syndicats comme le SNASEA ou la Fédération nationale de l’action sociale FO. Les changements réguliers, loin d’être de simples détails administratifs, témoignent d’une capacité du secteur à s’ajuster, à maintenir l’attractivité des métiers et à garantir un accompagnement digne pour les plus fragiles.

Quelles sont les dernières modifications des grilles de salaires en 2025 ?

La grille des salaires issue de la convention 66 n’échappe pas à la dynamique du moment : inflation, hausse du SMIC, et attentes renouvelées des salariés. Pour 2025, la valeur du point conventionnel recommandée par Nexem grimpe à 3,93 €, contre 3,82 € en 2021. Ce n’est pas un détail : chaque employeur doit réajuster la rémunération de ses équipes en fonction de ce chiffre et du coefficient qui s’y applique. Le SMIC brut mensuel se fixe désormais à 1 801,80 € à compter du 1er novembre 2024. Toute rémunération conventionnelle inférieure doit automatiquement s’aligner sur ce plancher légal.

Dans ce paysage, la prime Ségur (238 € brut mensuels en 2024) reste un supplément, et non un substitut au salaire de base. Cette règle, validée par les avenants les plus récents, précise la donne : la prime ne peut pas venir combler une grille inférieure au SMIC. Résultat : certains métiers voient leur salaire de base remonter mécaniquement au niveau du minimum légal.

Les négociations menées ces derniers mois et actées dans les avenants successifs illustrent la volonté de renforcer l’attractivité du secteur social et médico-social. Ce sont la valeur du point et la révision des coefficients qui fonctionnent comme leviers principaux. Les employeurs sont invités à intégrer ces évolutions dans leur politique salariale, au risque sinon de voir la convention perdre sa pertinence face à la réalité du marché du travail.

Décrypter la structure des grilles : valeur du point, coefficients et exemples de métiers

La logique de la grille des salaires repose sur un principe limpide : chaque poste se voit attribuer un coefficient, indicateur du niveau de diplôme, de responsabilités, d’ancienneté ou de technicité. Pour calculer le salaire de base, on multiplie ce coefficient par la valeur du point (3,93 € en 2025). À titre d’exemple, l’agent de services intérieurs démarre avec un coefficient de 373, tandis que les fonctions d’encadrement comme chef de service ou psychologue débutent à 800. Un éducateur spécialisé commence à 434 et peut grimper jusqu’à 762 après une longue carrière.

Au salaire de base s’ajoutent plusieurs compléments. Voici ce que prévoit la convention pour la plupart des salariés non cadres :

  • une prime de sujétion spéciale équivalente à 9,21 % du salaire indiciaire
  • une prime d’ancienneté
  • des indemnités de déplacement
  • le remboursement des frais professionnels

Pour les cadres supérieurs, la prime de sujétion est directement incluse dans leur coefficient, ce qui modifie la lecture de leur rémunération globale.

L’évolution salariale se construit à partir de multiples critères : ancienneté, mobilité interne, parcours de formation, validation des acquis, ou promotion. La progression dans la grille s’effectue quasi automatiquement, mais la mobilité et le développement professionnel permettent d’accélérer l’accès à un échelon supérieur. La convention 66 dresse ainsi une cartographie détaillée des métiers du secteur social et médico-social, des postes d’exécution jusqu’aux responsabilités d’encadrement.

Equipe diverse autour d une table avec documents de salaire

Suivre l’évolution des droits et rémunérations : pourquoi rester informé est essentiel

La vigilance sur les droits collectifs et la veille autour des rémunérations s’imposent : la convention 66 change au gré des négociations et des avenants. Les professionnels du social et du médico-social, éducateurs, agents de services, cadres, bénéficient d’une convention en mouvement permanent. À titre d’exemple, les congés supplémentaires d’ancienneté s’accumulent ainsi : 2 jours à partir de 5 ans de présence, puis à nouveau 2 jours tous les 5 ans, jusqu’à un maximum de 6 jours.

Le système de protection sociale fait aussi partie des points de vigilance. Les salariés non cadres bénéficient du maintien de salaire à 100 % du net pendant trois mois en cas d’arrêt maladie, contre six mois pour les cadres. S’ajoutent des garanties de prévoyance et l’accès à une mutuelle collective solide. Si la convention 66 ne prévoit pas de 13e mois, elle offre néanmoins des avantages sociaux supérieurs au code du travail.

Se tenir informé permet d’anticiper les changements et d’adapter rapidement la gestion des effectifs. Pour les employeurs, il s’agit d’intégrer sans délai les revalorisations du point, l’introduction de nouvelles primes ou les ajustements de la classification. Pour les salariés, la connaissance à jour des règles collectives facilite non seulement la progression de carrière, mais aussi la négociation individuelle et le dialogue social. En somme, la vigilance collective et individuelle demeure la clé pour naviguer dans un secteur où chaque évolution compte.

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